Simone de Beauvoir née Simone-Lucie-Ernestine-Marie Bertrand de Beauvoir (1908 -1986) philosophe, romancière, épistolière, mémorialiste et essayiste française.

Elle a partagé la vie du philosophe Jean-Paul Sartre. Leurs philosophies, bien que très proches, ne sauraient être confondues. Simone de Beauvoir est souvent considérée comme une théoricienne importante du féminisme, et a participé au mouvement de libération des femmes dans les années 1970.

Dès son plus jeune âge, Simone se distingue par ses capacités intellectuelles

Toute son enfance sera marquée par le fait d’être une femme : son père espérait avoir un fils pour en faire un polytechnicien.

« Tu as un cerveau d’homme », il répétera à Simone.

Et selon lui, « le plus beau métier est celui d’écrivain ».

Dans sa jeunesse, Simone passe ses vacances d’été à Saint-Ybard, dans le parc de Meyrignac en Corrèze. On retrouve de multiples évocations de ces séjours heureux dans ses Mémoires d’une jeune fille rangée : c’est au contact de la nature et au cours de longues marches solitaires dans la campagne que le désir d’une vie « hors du commun » se forge dans l’esprit de Simone.
À quinze ans, son choix est déjà fait, elle sera un écrivain célèbre.

La rencontre avec Jean-Paul Sartre

A Paris, elle rencontre d’autres intellectuels en herbe, notamment Jean-Paul Sartre, qu’elle compare à un génie. Une relation mythique se nouera entre eux, dès cette époque, que seule la mort rompra. Elle sera son « amour nécessaire » en opposition aux « amours contingentes » qu’ils seront amenés à connaître tous deux.

Dès l’agrégation en 1929, Simone, ou plutôt Castor (surnom repris par Sartre car comme elle, « Les Castors vont en bande et ils ont l’esprit constructeur » ) devient professeur de philosophie.
Sartre lui propose de l’épouser. Bien que viscéralement attachée à lui, elle rejette la proposition : « Je dois dire, écrit-elle dans La Force de l’âge, que pas un instant je ne fus tentée de donner suite à sa suggestion. Le mariage multiplie par deux les obligations familiales et toutes les corvées sociales. En modifiant nos rapports avec autrui, il eût fatalement altéré ceux qui existaient entre nous. Le souci de préserver ma propre indépendance, ajoute-elle cependant, ne pesa pas lourd ; il m’eût paru artificiel de chercher dans l’absence une liberté que je ne pouvais sincèrement retrouver que dans ma tête et mon cœur. ».

Bisexuelle, elle entretient des relations amoureuses avec certaines de ses élèves, le « pacte » la liant à Sartre lui permettant de connaître des « amours contingentes ». Ce groupe d’amis surnommé « la petite famille », ou encore « les petits camarades » reste indéfectible jusqu’à la mort de chacun d’entre eux.

Peu avant la Seconde Guerre mondiale, Beauvoir voit son premier roman Primauté du spirituel, écrit entre 1935 et 1937, refusé par Gallimard et Grasset. L’invitée est publié en 1943. Le succès est immédiat.
Elle travaille pour la radio nationale (« Radio Vichy ») où elle organise des émissions consacrées à la musique à travers les époques.

Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre

Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre

Avec Sartre, Raymond Aron, Michel Leiris, Maurice Merleau-Ponty, Boris Vian et quelques intellectuels de gauche, elle fonde une revue : Les temps modernes qui a pour but de faire connaître l’existentialisme à travers la littérature contemporaine. Mais elle continue cependant son œuvre personnelle. Après plusieurs romans et essais où elle parle de son engagement pour le communisme, l’athéisme et l’existentialisme, elle obtient son indépendance financière et se consacre totalement à son métier d’écrivaine. Elle voyage dans de nombreux pays (É.-U., Chine, Russie, Cuba, etc.) où elle fait la connaissance d’autres personnalités communistes telles que Fidel Castro, Che Guevara, Mao Zedong, Richard Wright. Aux États-Unis, elle engage une relation passionnée avec l’écrivain américain Nelson Algren, et lui envoie plus de 300 lettres.

En 1949, elle obtient la consécration en publiant Le Deuxième Sexe. Le livre se vend à plus de 22 000 exemplaires dès la première semaine, occasionne la publication des articles contradictoires de Armand Hoog (contre) et de Francine Bloch (pour) dans la revue La Nef, et fait scandale au point que le Vatican le mette à l’index. Le livre est traduit dans plusieurs langues et aux États-Unis, se vend à un million d’exemplaires et nourrit la réflexion des principales théoriciennes du Women’s Lib. Beauvoir devient la figure de proue du féminisme en décrivant une société qui maintient la femme dans une situation d’infériorité. En totale rupture avec l’essentialisme, son analyse de la condition féminine à travers les mythes, les civilisations, les religions, l’anatomie et les traditions fait scandale, et tout particulièrement le chapitre où elle parle de la maternité et de l’avortement, assimilé à un homicide à cette époque. Quant au mariage, elle le considère comme une institution bourgeoise aussi répugnante que la prostitution lorsque la femme est sous la domination de son mari et ne peut en échapper.

L’un des auteur les plus lus dans le monde

En 1954, elle obtient le prix Goncourt pour Les Mandarins et devient l’un des auteurs les plus lus dans le monde.
À partir de 1958, elle entreprend son autobiographie où elle décrit son milieu bourgeois rempli de préjugés et de traditions avilissantes et les efforts pour en sortir en dépit de sa condition de femme. Elle décrit aussi sa relation avec Sartre en la qualifiant de totale réussite. Pourtant, bien que la relation qui les unit soit toujours aussi passionnée, ils ne sont plus un couple au sens sexuel du terme, et ce depuis longtemps, même si Beauvoir laisse entendre le contraire à ses lecteurs.

En 1964, elle publie Une mort très douce qui retrace la mort de sa mère. D’après Sartre, c’est son meilleur écrit. Le thème de l’acharnement thérapeutique et de l’euthanasie y sont évoqués dans des lignes poignantes d’émotion. Durant cette période de deuil, elle est soutenue par une jeune fille dont elle a fait la connaissance à la même époque : Sylvie Le Bon, une jeune étudiante en philosophie. La relation qui unit les deux femmes est obscure. Sylvie Le Bon devient sa fille adoptive et héritière de son œuvre littéraire et de l’ensemble de ses biens.

Figure du combat féministe

L’influence de Beauvoir, associée à Gisèle Halimi et Élisabeth Badinter, a été décisive pour obtenir la reconnaissance des tortures infligées aux femmes lors de la Guerre d’Algérie et le droit à l’avortement. Elle rédige le Manifeste des 343, publié en avril 1971 par Le Nouvel Observateur. Avec Gisèle Halimi, elle a co-fondé le mouvement Choisir, dont le rôle a été déterminant pour la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse. Tout au long de sa vie, elle a étudié le monde dans lequel elle vivait, en visitant usines et institutions, à la rencontre d’ouvrières et de hauts dirigeants politiques.

Après la mort de Sartre en 1980, elle publie La Cérémonie des adieux où elle décrit les dix dernières années de son compagnon avec des détails médicaux et intimes si crus qu’ils choquent bon nombre des disciples du philosophe.

« Sa mort nous sépare. Ma mort ne nous réunira pas. C’est ainsi ; il est déjà beau que nos vies aient pu si longtemps s’accorder ».

Elle est inhumée au cimetière du Montparnasse à Paris, dans la 20e division aux côtés de Jean-Paul Sartre.

Le Prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes a été créé en son honneur en 2008.