Peggy Guggenheim, l’extravagante visionnaire.

La grande dame aux petits chiens, mécène de génie.

Marguerite « Peggy » Guggenheim (1898-1979) mécène américaine, collectionneuse d’art moderne et galeriste.

Telle qu’on la voit sur les photographies dans les années 1960 avec ses lunettes à la Elton John, Peggy Guggenheim fut sa vie durant une infatigable excentrique.

Elle porte un jugement sévère sur le nouveau « monde de l’art ».

Ivre d’Art moderne, passionnée, puriste, motivée par une grande générosité, elle condamne pourtant la tournure commerciale que le mouvement artistique américain prend dans les 60’s.

Sa vie tourmentée de femme légère, a pendant quelques années, occulté le travail de recherche et le flair dont elle a su faire preuve. Son œil acéré lui a pourtant permis de découvrir des chefs d’œuvre. Ainsi détenait elle l’une des plus grandes collection d’art du xxe siècle, constituée par une jeune femme qui ignorait tout quelques années auparavant et devint pourtant une véritable experte.

Autodidacte en art moderne, elle apprit, aux côtés de Marcel Duchamp ou Jean Cocteau, à apprécier l’art abstrait dont elle fit ensuite la promotion, avec beaucoup de flair, allant à l’encontre même de son oncle, Solomon Guggenheim, qui mît un certain temps avant de reconnaître la valeur des acquisitions de Peggy.
Elle s’achetait des robes de Paul ­Poiret, Man Ray la prendra en photo, elle croisa Marcel Duchamp, fréquenta dadaïstes et surréalistes, se fatigua des orgies à répétition.

Portrait de Peggy Guggenheim

Portrait de Peggy Guggenheim par Alfred COURMES - 1926 - 100x65cm

Elle ouvrira une galerie à Londres sous le nom de « Guggenheim Jeune », encourageant les artistes alors peu connus.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, usant du prestige de son nom et de sa nationalité américaine, elle vint à l’aide d’un grand nombre d’artistes pour lesquels elle obtint de faux papiers et finança leur passage aux États-Unis.

En effet, avec la Première Guerre mondiale, l’Europe, exsangue, a besoin des capitaux américains pour s’engager dans une œuvre de reconstruction colossale. Les mécènes américains jouent alors pleinement leur rôle. Peggy Guggenheim s’inscrit dans ce courant et favorise la rencontre de jeunes artistes américains avec des peintres européens comme Max Ernst (1891-1976), Marc Chagall (1887-1985) ou Fernand Léger (1881-1955), réfugiés à New York pendant la Seconde Guerre mondiale, faisant de sa galerie un lieu d’échanges féconds pour tous ces artistes qui, sans elle, n’auraient peut-être pas connu une célébrité aussi rapide.

Extravagante jusqu’au bout des ongles, on lui reconnaît un goût visionnaire très sûr.

Rien de ce qui se fait à son époque ne lui échappe : elle se glorifie d’avoir découvert le peintre Pollock. Après guerre, elle n’a plus que deux idées en tête : satisfaire sa libido bisexuelle et s’occuper de son musée à Venise, au bord du Grand Canal. La bonne société de la sérénissime voit d’un mauvais œil l’arrivée de Peggy que l’on considère comme une nymphomane décadente.

Trois ans après avoir pris soin de faire don de son palais et de ses collections à la fondation Salomon R. Guggenheim, NY, Peggy Guggenheim décède à Venise âgée de 81 ans, en cette ville qui s’enfonce, tel le Titanic dans la mer, comme un dernier clin d’œil à Ben, son père. Ses cendres sont enterrées parmi ses « beloved babies », ses chiens-chiens, qui furent ses vrais amants.

La Fondation Peggy Guggenheim à Venise constitue incontestablement, pour celle que l’on surnommait affectueusement la « dernière Dogaresse », l’apothéose de son activité inlassable au service de l’art contemporain.