L’écrivaine Colette née en 1873 est décédée en 1954. On se souvient d’une femme libre, sur laquelle les légendes ont fleuri. La romancière en était parfois à l’origine, nourrissant son oeuvre par sa vie et ses amours.

De sa Bourgogne natale à la vie parisienne

L’ écrivaine d’abord, enracinée, qui a toute sa vie conservé l’accent rocailleux de sa Bourgogne natale, une « voix de syrinx où perchait. Avec toutes les variations d’un Beaune. Le roulement des r comme un vin dans le chai ».
La jeune femme ingénue ensuite, qui débuta comme « nègre » de son premier mari. Ainsi les Claudine parurent sous le nom de Willy. Femme trompée, écrivaine exploitée, la petite Bourguignonne effacée se mua en Parisienne émancipée.

Entre 1906 et 1912, ce fut l’endroit du music-hall : images de pantomime lascive et de danseuse du Moulin-Rouge, la poitrine avenante offerte sur scène, Colette défrayait la chronique par ses amours avec notamment la fille du duc de Morny, la célèbre Missy.

Portrait de Colette, une écrivaine forte et libre à la fois.

Portrait de Colette.

Une vie mouvementée et une volonté de s’imposer par ses œuvres

Entre deuils et ruptures, l’envers du décor était sans doute moins pétillant. A l’approche de la quarantaine, elle épousa la carrière de journaliste, puis son rédacteur en chef, Henry de Jouvenel. Et voilà Colette, baronne, épouse et mère. Son second mari n’étant pas moins volage que le premier, elle se mit, à quarante-sept ans, à jouer les Phèdre bourgeoises initiant son beau-fils Bertrand aux plaisirs de la chair. Son oeuvre littéraire ne cessait de s’étoffer, romans, nouvelles et articles imposant au fil des années un « style Colette ».

Vers l’image d’une femme respectable et talentueuse

Restait à façonner son dernier rôle, celui de l’écrivain installé, de la femme respectable, de la grand-mère des lettres. Ce fut le « vieux faune » de l’académie Goncourt, qu’on flattait et qu’on aimait parce qu’elle réconciliait en sa personne deux France qui ne s’appréciaient pas tant que cela, celle, terrienne et bucolique, de ses « années d’apprentissage », et celle, citadine, des transgressions, du libertinage amoureux et du music-hall…
Mais ces instantanés comptent moins que ce qui les lie : une vie rien moins que banale, un lent et patient travail pour devenir Colette, ce qui n’est pas rien.