Maria Anna Sophia Kalogeropoulos (1923-1977)

Une cantatrice grecque inoubliable

Une virtuose à la voix d’or

Surnommée « la Bible de l’opéra » par Léonard Bernstein, « la Callas » - telle qu’elle est couramment appelée - a bouleversé l’art lyrique du XXe siècle en valorisant l’approche du jeu d’acteur, jusqu’alors relégué au second plan.
Entourée des meilleurs artistes de son époque et s’étant produite sur les principales scènes d’opéra du monde, La Callas demeure encore l’une des cantatrices les plus célèbres, à la fois par le timbre très particulier de sa voix, son registre étendu de près de trois octaves, sa grande virtuosité alliée à un phrasé à nul autre pareil et son talent de tragédienne, lui permettant d’incarner littéralement les personnages qu’elle interprétait (Norma, Tosca, Violetta, Lucia, Médée).
Suscitant les passions – ce qui lui valut d’être autant adulée que décriée – Maria Callas reste, tant par la réussite exceptionnelle de sa vie professionnelle que par sa vie privée mouvementée, l’icône même de la « Diva ».

Des débuts remarquables

Malgré la simplification de leur nom en Callas, ses parents mènent une vie misérable, ce qui n’empêche pas sa mère de rêver à l’établissement de ses filles comme de grandes artistes. Maria étudie le piano, puis le chant. Elle débute à 17 ans dans « Boccace », de Franz Suppé puis sa carrière prend un tournant décisif lorsqu’elle rencontre le chef d’orchestre italien Tullio Serafin, qui lui offre « La Gioconda », aux arènes de Vérone en 1947. C’est lui qui fera de Maria « la Callas ».

Entourée des plus remarquables artistes du siècle, Maria Callas se produit sur les plus grandes scènes du monde où elle fait scandale par une défection à la fin du premier acte de Norma de Bellini, obligeant le président de la république Saragat à quitter la salle. Elle fait aussi la une des journaux tant par son caractère de tigresse que par sa rivalité mémorable avec Renata Tebaldi (qui lui vaudra d’être exclue de la Scala de Milan).

Un rendez-vous avec le sublime

De tessiture soprano, elle a abordé une large gamme de rôles, allant du bel canto au soprano dramatique, et reste dans les mémoires comme l’une des plus grandes cantatrices du XXe siècle, à la fois par le timbre très particulier de sa voix et sa capacité à animer les personnages qu’elle jouait.

Pas de virtuosité gratuite ou d’hédonisme inconsidéré dans ses interprétations mais le souci constant de rendre la musique plus expressive et de restituer à une partition sa vérité musicale et sa vraisemblance dramatique en utilisant qualités et défauts d’un timbre de voix dont la pureté n’était pas la qualité première.

« Et ses amours faut-il qu’on s’en souvienne… »

Maria sera la maîtresse d’Aristote Onassis jusqu’en 1968, date à laquelle Onassis épouse Jacqueline Kennedy. Un enfant naîtra de leur liaison : né prématurément à Milan, il mourra quelques heures après sa naissance.

Les adieux à la scène

Retirée de la scène à partir de 1970, elle se consacre à l’enseignement et aux récitals, subissant de nombreux accrocs de santé. En 1970-1971, elle se consacre ainsi à la direction de Master classes de chant, à New-York, au cours desquelles elle prend soin d’expliquer, de détailler et de raisonner tous les rôles abordés par ses étudiants.

À partir de 1974, elle s’enferme dans son appartement parisien, avenue Georges-Mandel, s’enfonçant dans la solitude et écoutant inlassablement ses enregistrements.

Elle meurt le 16 septembre 1977 dans la solitude. La cause de sa mort reste aujourd’hui un mystère.
La hâte avec laquelle elle fut incinérée, le vol de l’urne funéraire (retrouvée quelques jours plus tard) puis la dispersion de ses cendres en mer Égée rendront impossible toute autopsie.

Du jeu avant tout chose !

Si « la Callas » demeure, sans nul doute, la cantatrice la plus célèbre de la seconde moitié du XXe siècle, sa renommée tient en partie à de mauvaises raisons. Sa vie privée, sa liaison avec Aristote Onassis, entre autres, ont fait la une des journaux à scandale à une époque où sa carrière était pratiquement terminée. Au-delà d’anecdotes sans intérêt, on oubliait tout ce qu’elle avait apporté à l’art lyrique à une époque où le public commençait à se détourner de spectacles conventionnels et routiniers.

Elle fut l’une des premières à montrer qu’à l’opéra, on pouvait jouer, comme au théâtre ou au cinéma, et se servir de son physique (on se rappelle comment elle modela le sien, peu flatteur, au départ) et de son corps. De ses rôles, elle fit de véritables incarnations.
Tout cela grâce à une intuition artistique sans faille, soutenue par un travail incessant.

Cantatrice libérée des conventions, osant remettre à l’honneur des ouvrages négligés, modèle de rigueur et d’exigence, Maria Callas a légué à ses successeurs une leçon qui n’a pas toujours été suivie.