Philippina Bausch, alias Pina Bausch, née le 12 juillet 1940 à Solingen (Allemagne) et décédée le 30 juin 2009 à Wuppertal, est une danseuse et chorégraphe allemande.

Figure de la danse contemporaine

Fondatrice de la compagnie Tanztheater Wuppertal, en résidence à Wuppertal en Allemagne, elle est considérée comme l’une des principales figures de la danse contemporaine et du style danse-théâtre.

Contrairement à ses contemporains, Pina Bausch travaille non pas par rapport à des formes à reproduire, des pas bien définis, mais par rapport à l’anatomie du corps de chacun, aux possibilités qui sont données ou non aux corps. Elle interroge ses danseurs pendant tout le processus de création et creuse la vie de chacun, leur passé, pour les faire danser. Elle dénonce les codes de la séduction, la solitude dans le couple et travaille sur la communication dans les rapports hommes-femmes.

Une autre marque est la fluidité qu’elle développe sur le haut du corps, induisant de grands mouvements de bras, la souplesse du buste, et des jeux récurrents avec les cheveux souvent très longs de ses danseuses. C’est un des exemples de langage ou de style par lesquels les chorégraphes ou les danseurs ont fait exister une autre danse.
Ses spectacles mêlent la parole et le jeu d’acteur à la danse, c’est pourquoi Pina Bausch a été très appréciée des gens de théâtre, peut-être avant ceux de la danse.

TEDxChampsElyseesWomen-pina-blush-artiste

On a parlé d’opéra, de ballet, puis vers 1975-1976, de Tanztheater (théâtre de danse) pour qualifier son travail. Dans Café Müller, elle a travaillé sur son passé de jeune fille dans le café de ses parents en Allemagne. La fluidité du haut du corps balloté entre en collision avec des changements de tonus. La danseuse reste imperturbable par rapport à ce qui se passe autour d’elle, elle suit sa ligne tracée. Les personnages se croisent, nos souvenirs personnels interfèrent, et de la scène se dégage l’émotion intense de la solitude.

Les ballets de Pina Bausch, repris en 2014 à Paris n’ont pas pris une ride.

La carrière de Pina Bausch à Wuppertal, non loin de Cologne, a commencé par une sorte de malentendu : la danseuse prodige revenue des Etats-Unis où on lui prédisait une carrière de soliste prend les destinées de cette compagnie en inventant un nouveau langage chorégraphique.

De grandes traversées sur le plateau, des femmes au destin tragique, un lyrisme certain à l’image de « Orphée et Eurydice » (1975) aujourd’hui au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris.
Bien vite Pina donne la parole à ses danseurs dans un constant va-et-vient entre le verbe et le geste. Le public siffle, la chorégraphe encaisse.

« Parfois, j’en venais à penser que ce que je faisais était mauvais. Je perdais confiance mais je me sentais assez de résistance pour ne jamais faire de compromis », confia-t-elle un jour dans l’ancien cinéma qui servait de lieu de répétition à sa compagnie.

Une chambre d’écho de nos vies

Peu à peu le style s’affirme et l’évidence de son talent dépasse les frontières. La France aura une part importante dans cette reconnaissance. Du Festival de Nancy à celui d’Avignon, du Théâtre de la Ville à l’Opéra, Pina Bausch marque les esprits. Surtout elle devient une référence au-delà des cercles de danse. Macha Makeïeff, metteuse en scène et directrice de la Criée à Marseille, aura un jour cette réflexion teintée d’humour : Pina Bausch « c’est le plus grand homme de théâtre » du XXe siècle.
Elle n’a pas tort. Son art montre nos corps, nos peines, nos passions à l’image de « Nelken » - enfin redonné à Paris en 2015.
Mais également le monde tel qu’il est : ainsi dans « Palermo Palermo », reprise indispensable, un mur de briques s’effondre au début de la pièce. Quelques mois après sa création c’est un autre mur, celui de Berlin, qui cédait ! Évoquant l’écologie ou les rapports humains, Pina Bausch aura fait de son répertoire une chambre d’écho de nos vies.

A sa disparition en 2009, passé la stupeur, il a fallu s’organiser du côté de Wuppertal. Dominique Mercy prendra ainsi la direction artistique du Tanztheater Wuppertal pendant quelques mois. Ce danseur français a été, et reste, un des plus grands interprètes de la dame. Le propre fils de Pina s’occupe de la fondation qui porte le nom de sa mère. L’avenir de la troupe est incertain : on célèbre ces quatre décennies de danse en Allemagne mais qu’en sera-t-il du futur. De jeunes danseurs côtoient sur scène des anciens, encore magnifiques. Pina Bausch a influencé toute une génération de créateurs.

Alain Platel, le Belge, dira un jour : « grâce à Pina j’ai appris que le danseur pouvait parler en scène ».

Il perpétue à sa façon un peu de l’insolence de l’Allemande. Entre livres et films - dont celui de Wim Wenders en 3D qui a rencontré un vrai succès - le souvenir de Pina Bausch est vivace. Mais à défaut de création, sa troupe risque de s’éteindre à petit feu.
On parle de donner certaines pièces à des troupes, comme ce fut le cas avec l’Opéra de Paris qui, outre « Orphée », possède son « Sacre du printemps » de Pina Bausch au répertoire. Pas encore un monument en péril, l’oeuvre de Pina lui survivra.