L’œuvre variée de Sonia Delaunay procède d’une démarche artistique visant à intégrer l’art, la couleur, à tous les domaines de la vie moderne… A faire de la vie un art.

Sonia Delaunay pourrait être rebaptisée « Poète des couleurs ».

Une artiste multiple se consacrant à rendre ses couleurs à la vie, à faire de la vie une expérience haute et riche en couleurs … gaie et colorée … emplie d’optimisme. Une volonté délibérée de créer le mouvement par le contraste des couleurs.

Sonia Delaunay, d’origine Ukrainienne, naturalisée française en 1908, née Sophie Stern ou Sara Illinichtna Sternnote (1885 à 1979), artiste peintre.

Sonia Delaunay domine le royaume des couleurs simultanées.

Après une période fauve que lui ont sans doute inspirée Vincent van Gogh et Paul Gauguin, elle invente avec son second mari Robert Delaunay, une forme de peinture qu’Apollinaire définit du terme vague d’orphisme, qui ne correspond à aucune tendance réelle.

La période fauve de Sonia est très importante. Elle y laisse éclater son goût des couleurs vives qui marquera l’évolution de son œuvre. Le couleur au centre comme dans le Nu jaune (1908), peinture éclatante dont Robert Delaunay dit: « Venue de l’Orient vers l’Occident, elle porte en elle cette chaleur, cette mysticité caractéristique et classique, et sans se briser au contact occidental, au contraire, se recréé en trouvant son expression constructive par ce frottement, s’amplifie et se développe en une transformation où les éléments qui composent son art se transfusent en un art nouveau, qui a ses caractéristiques(…) Elle possède à l’état atavique la couleur.»

Sa force de la couleur lui permet de déborder tous les enseignements académiques ou théoriques par un besoin incompatible avec les formules, par cette fougue anarchique qui se transforme par la suite en force ordonnée.
Passionnée par le fauvisme, elle souhaitera le dépasser. Elle y parviendra même si selon Jacques Damase :
« En dehors du fauvisme, Sonia appartient néanmoins, par la couleur de ses premiers tableaux, à l’espèce des grands fauves. Sa force de création est instinctive comme la puissance animale. »

Art abstrait par Sonia Delaunay

Prismes électriques (1914) dans laquelle figure le Transsibérien de Cendrars

Sonia et Robert Delaunay ont travaillé ensemble sur la recherche de la couleur pure et du mouvement des couleurs simultanées, une tendance qui a inspiré d’autres peintres notamment Fernand Léger et Jasper Johns.
Apollinaire dit, à propos du couple : « En se réveillant, les Delaunay parlent peinture. »

« Nous nous sommes aimés dans l’art comme d’autres couples se sont unis dans la foi, dans le crime, dans l’alcool, dans l’ambition politique. La passion de peindre a été notre lien principal. », considérait Sonia

De plus en plus orientée vers l’art abstrait au fil des années, elle crée en 1946 le Salon des réalités nouvelles.

Les avis sont partagés sur l’appréciation de son œuvre textile. Michel Seuphor pense qu’on l’a peut-être trop cantonnée dans la mode : « Je regrette personnellement que pendant de longues années, Sonia Delaunay, au lieu de se vouer entièrement à la peinture, ait dispersé son talent en essayant d’introduire dans la mode les idées simultanéistes de sa peinture.»

Dans une lettre adressée à Jacques Damase en mai 1968, Sonia fait une mise au point sur le lien entre sa peinture et la mode : « Tous ces travaux étaient créés pour les femmes et toujours avec une idée de construction par rapport au corps. Ce n’était pas des copies de tableaux transposés sur la femme comme l’ont fait d’autres couturiers avec Piet Mondrian ou les peintres du Op’art. »
Dans une appréciation plus récente, Jacques Damase rappelle que les motifs inventés sur tissus par Sonia ont induit une inspiration nouvelle dans la peinture « Il n’est pas sans importance pour l’historien que ses œuvres soient antérieures à celles de Mondrian. »

Elle laisse derrière elle une œuvre abondante comprenant des éléments de factures diverses et variées : tissus imprimés, livres d’artistes, livres objets, décors de théâtre, robes de haute couture dont la célèbre robe de Nancy Cunard…

Ses tissus demeurent encore source d’inspiration pour la génération des jeunes peintres.

Toujours associée à son mari Robert dans la peinture, la mode, ou des aventures monumentales comme la fresque destinée au Palais des chemins de fer pour l’exposition internationale de 1937, elle est souvent exposée avec lui au Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou, auquel elle a fait plusieurs donations.
Michel Seuphor lui rend un hommage appuyé en déplorant que la critique l’ait si longtemps maintenue dans l’ombre de Robert : « Toujours à côté de lui pour le soutenir (…) elle est peintre aussi, et à certains moments, elle put même paraître en avance sur lui. »

« Je ne sais pas définir ma peinture. Ce n’est pas un mal, car je me méfie des classifications et des systèmes. Comment et pourquoi définir ce qu’on a sorti avec ses tripes. », écrivait Sonia en 1978