Née en 1912 Photographe française d’origine allemande, née à Berlin.

Durant ses années parisiennes (1933-1940), elle publie sa thèse La photographie en France au XIXème siècle, réalise ses premiers photo-reportages et se lie d’amitié avec les libraires Adrienne Monnier et Sylvia Beach, grâce auxquelles elle rencontrera de nombreux écrivains.

Ces rencontres, d’abord intellectuelles, donneront lieu à toute une série de portraits en noir et blanc, puis en couleur, technique nouvelle et rare à l’époque. Malraux, Cocteau, Gide, Colette, Valéry, Zweig, Joyce, Woolf… une impressionnante galerie de portraits d’écrivains contemporains, photographiés parmi leurs livres.

“Je voulais écrire moi-même mais je ne pouvais pas le faire : j’étais à cheval sur plusieurs langues. Mais j’adore la littérature et je n’ai photographié que ceux qui m’intéressaient, dont je connaissais les livres.”

Reconnue comme l’une des plus grandes photographes-portraitistes du XXe siècle dans le monde entier, elle décède à Paris en 2000, après avoir reçu de nombreuses récompenses et donné à l’Etat plus de 300 photographies.

Elle se passionne pour le photo journalisme

Née d’un père collectionneur, Julius Freund, qui lui offre un appareil photographique Leica lorsqu’elle est adolescente, elle se passionne très tôt pour le photo journalisme. Elle étudie la sociologie à Francfort où elle rencontre Norbert Elias, qui lui propose d’écrire sa thèse sur La Photographie en France au XIXe siècle, la toute première sur la sociologie de l’image.

D’origine juive et membre d’un groupe communiste, elle doit fuir l’Allemagne et elle achève ses études à Paris en 1936.

À Paris, pour vivre, elle devient reporter photographe et travaille pour différents magazines, tout en rédigeant une thèse sur la photographie française au XIXe siècle, et en côtoyant les milieux artistiques (A. Monnier et Joyce, Duchamp et les surréalistes).

Les portraits qu’elle réalise de ses amis, parallèlement à ses reportages, ne correspondent pas aux conventions de l’époque : elle a pour ambition de trouver la vérité des êtres, en deçà des masques sociaux.

«Révéler l’homme à l’homme, être un langage universel, accessible à tous, telle demeure, pour moi, la tâche primordiale de la photographie.»

« Personne ne se voit tel qu’il paraît aux autres. Nous habitons notre visage sans le voir, mais nous exposons cette partie du corps au premier venu qui nous croise dans la rue. »

Les visages qu’elle révèle — de Michaux, Frida Kahlo, Matisse, Bonnard ou Giacometti — sont autant d’analyses de la personnalité de ses modèles, et semblent en harmonie complète avec les oeuvres qu’ils évoquent.

Amie d’Adrienne Monnier, elle côtoie de nombreux écrivains qu’elle immortalise en des portraits célèbres : Virginia Woolf, James Joyce, Colette, André Malraux sur un toit dans le vent, Henri Michaux, Michel Leiris, Marguerite Yourcenar, Jean Cocteau, Sartre, Simone de Beauvoir, Samuel Beckett. Elle prend sur le vif André Gide, Aldous Huxley et Boris Pasternak lors du Congrès international des écrivains pour la défense de la culture en 1935.

« La culture pour un photographe est bien plus importante que la technique. »

Elle devient française par mariage en 1936.
Elle emploie dès 1938 les pellicules Agfacolor pour réaliser des portraits en couleurs avant l’heure, notamment ceux d’Henri Michaux et Susana Soca. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle part pour l’Argentine où l’accueille Victoria Ocampo. Elle établit des liens avec Borges, Maria Rosa Oliver, Bioy Casares et les membres de SUR.

En 1943 elle ramène de Patagonie et de Terre de Feu des paysages puissants. Elle rentre en France en 1946 et travaille à partir de 1948 pour l’agence Magnum comme photo journaliste. En 1950, elle se trouve réfugiée en Uruguay, chez Jules Supervielle et aussi Ingheborg Bayerthal, lors d’un départ forcé de l’Argentine, suite à la publication d’un reportage paru dans Life sur la vie de luxe menée par Evita Eva Perón.

Suspectée de communisme, elle est interdite de visa américain et est forcée de quitter Magnum en 1954. En France, le ministère de la Culture lui décerne en 1980 le grand prix national des Arts pour la Photographie. Elle réalise en 1981 le portrait officiel du président François Mitterrand. En 1991, elle est honorée par une grande rétrospective de son œuvre au Centre Georges-Pompidou. Elle a légué plus de 200 photographies de cette exposition à l’État français.

Elle est inhumée à Paris, au cimetière du Montparnasse (12e division), tout près de sa maison atelier du 12, rue Lalande.

Des expositions lui ont été dédiées à la Maison de l’Amérique latine (« Susana Soca et sa constellation vues par Gisèle Freund ») ainsi qu’en Allemagne à l’occasion du centenaire de sa naissance.