Nancy Goldin dite « Nan Goldin » est une photographe américaine, née le 12 septembre 1953 à Washington.

Nan Goldin est une photographe américaine connue pour son incroyable univers en marge de la société.

Que faut-il comprendre de son univers très particulier ?

Il s’agit d’une des photographes les plus marquantes du 20ème siècle. Jamais Nan Goldin ne quittera son appareil photo : ses images sont sa mémoire et elle ne cache rien.
C’est d’ailleurs ce qui caractérise le plus cette surprenante photographe : son authenticité, son goût du « vrai », sans censure.

L’œuvre de Nan Goldin est inséparable de sa vie : marquée par le suicide de sa sœur, c’est en photographiant sa famille qu’elle entame son œuvre photographique qui, par la suite, reste très proche de l’album de famille, par sa technique comme par ses sujets.

Elle considère, depuis sa jeunesse, la photographie comme le médium idéal pour conserver des traces de vie, permettant ainsi de faire naître une deuxième mémoire.

Nan Goldin grandit dans le Maryland, dans une famille bourgeoise. À quinze ans, elle s’initie à la photographie, poussée par un de ses professeurs de la Satya Community School de Boston.

Dans une interview à The Advocate, elle déclare être activement bisexuelle depuis le début de sa vie sexuelle. Elle indique par ailleurs avoir été largement inspirée et influencée par la communauté LGBT, qui l’a entourée depuis son adolescence.

En 1972, elle entre à l’école des beaux-arts de Boston où elle rencontre le photographe David Armstrong. Ce dernier devient drag queen, ce qui permet à Nan Goldin de côtoyer ce milieu très marginalisé qu’elle photographiera tout au long de sa vie. À cette époque, Nan Goldin utilise surtout le noir et blanc. Après avoir déménagé à New York, en 1978, elle commencera à réaliser des photos aux couleurs saturées, plongées dans une lumière artificielle.

Durant ces années commence à naître l’œuvre qui la rendra célèbre (et qui mit plus de 16 ans à être élaborée), The Ballad of Sexual Dependency, constituée de plus de 800 diapositives projetées en boucle et accompagnées de chansons d’univers et d’inspirations très divers, tels que James Brown, Maria Callas ou encore le Velvet Underground.

Les principaux thèmes évoqués sont la fête, la drogue, la violence, le sexe, l’angoisse de la mort. Pourtant, Goldin a avant tout le désir de photographier la vie telle qu’elle est, sans censure. Or, pour elle, ce qui l’intéresse, c’est le comportement physique des individus. Elle traite de la condition humaine, de la douleur et de la difficulté de survivre.

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Nan Goldin n’a pas de tabou, allant même jusqu’à se photographier peu après avoir été battue par son petit ami de l’époque, ce qui avait manqué de lui faire perdre un œil. Ce fameux cliché fait partie de la série intitulée « All By Myself » qui évoque et qui atteste de son propre délabrement, physique et mental. C’est en étalant publiquement sa vie et son histoire qu’elle réussit à mieux se comprendre et à s’accepter, tout en s’identifiant dans la société.

Nan Goldin est confrontée au début des années 1980 à l’apparition du sida, qui décime ses amis proches et ses modèles, qu’elle considère comme sa propre famille, et qu’elle photographie de leur vie quotidienne à leur cercueil. C’est, par exemple, le cas de Cookie Mueller, morte à 40 ans le 10 novembre 1989, à qui Goldin consacre une exposition en 1991 ; à cette occasion est publiée « La dernière lettre » (A Last Letter) de son amie, qui décrit le drame de la génération du début du baby-boom fauchée par l’épidémie.

Nan Goldin vit à présent (2007) entre Londres et Paris. Son travail a évolué vers des ambiances moins destructrices et plus tendres que ne l’étaient ses travaux des années 80.

« J’ai commencé à prendre des photos à cause du suicide de ma soeur. Je l’ai perdue et je suis devenue obsédée par l’idée de ne plus jamais perdre le souvenir de personne. »

Beaucoup pensent que son travail porte sur la drogue, les fêtes et « l’underground », mais ce qui l’intéresse c’est la condition humaine, le comportement physique des individus et leur relation avec leur corps. Elle joue beaucoup sur l’éclairage, ce qui confère à ces clichés une grande sensualité, mêlant le fond et la forme. « Pendant des années mon travaille a traité de la dépendance sexuelle (…) je suis obsédé par le fait qu’on puisse être attiré par quelqu’un qui ne vous convient pas tant sur le plan affectif que sur le plan intellectuel ».

« Ce qui m’intéressait le plus c’est de photographier le comportement physiques des gens, leur sexualité, leur identité sexuelle. Dès le début de mon travaille sur les travestis, je les percevais déjà comme un troisième sexe. »

Son style et ses photographies sont à l’image de sa propre vie : spontanée, impulsive et obsessionnelle. C’est l’art de la photographie qu’on prend sur le vif et qu’on décrypte après. Nan Goldin, c’est une vie marquée par des suicides, des maladies, de la violence, des drogues et de la sexualité. Elle suivra ses modèles jusqu’à leur mort, en y montrant toute la complexité de la vie. Derrière un sombre décor apparaît un hommage à la beauté et à la nature humaine. Parce qu’elle a brisé tous les codes de la photographie, parce qu’elle a montré l’homme sans tabou et parce qu’elle a capturé le « naturel » avec une telle intensité qu’elle est devenue une des photographes incontournables du 20ème siècle.