Sculptrice française et sœur du poète et écrivain Paul Claudel.

Camille Claudel a entretenu une relation passionnelle et tumultueuse avec le sculpteur Auguste Rodin. Cet amour impossible, ainsi que son internement psychiatrique en 1913, la murant dans le silence le plus total, lui ont donné une aura égalant son génie. Le succès du film au titre homonyme de Bruno Nuytten en 1988 a permis de la sortir de l’oubli. En 2014, la municipalité de Nogent-sur-Seine ouvrira un musée consacré entièrement à Camille Claudel.

Les 1eres oeuvres et la rencontre avec Rodin

Née en 1864, de 4 ans l’aînée de Paul Claudel, elle impose à celui-ci, ainsi qu’à leur soeur Louise, sa forte personnalité. Très tôt convaincue de sa vocation de sculpteur, elle obtient, en 1881, d’aller à Paris faire ses études. Elle entre alors à l’Académie Colarossi ou elle a pour maître Alfred Boucher puis Auguste Rodin. C’est de cette époque que datent ses premières oeuvres : La Vieille Hélène ou Paul à treize ans. Rodin, impressionné par la solidité de son travail, la fait entrer comme praticienne à son atelier en 1885 et c’est ainsi qu’elle collabora à l’exécution des Portes de l’Enfer et au monument des Bourgeois de Calais.

Camille Claudel, née en 1864, sculptrice française de talent.

Camille Claudel à l’oeuvre.

La rupture et la naissance de la folie

Ayant quitté sa famille pour l’amour de Rodin, elle travaille plusieurs années au service du maître et aux dépens de sa propre création. Parfois les créations de l’un et de l’autre sont si proches qu’on ne sait qui du maître ou de l’élève a inspiré l’un ou copié l’autre. De plus, Camille Claudel se heurte très vite à deux difficultés majeures : d’une part, Rodin ne peut se résoudre à quitter Rose Beuret, sa compagne dévouée et d’autre part, certains affirment que ses oeuvres sont exécutées par le maître lui-même.
Elle tente de s’éloigner, une tentative d’autonomie (1890-94), perçue tant dans le choix des thèmes que dans le traitement, avec des oeuvres comme La Valse (Paris, Musée Rodin) ou La Petite Châtelaine (Paris, Musée Rodin). Cette mise à distance va jusqu’à la rupture définitive en 1898.

Blessée et désorientée, Camille Claudel voue alors à Rodin un amour-haine qui la mènera à la paranoïa et l’enfermement psychiatrique. La rupture est narrativisée dans l’oeuvre célèbre qu’est l’âge mûr. Elle s’installe alors 19 quai Bourbon et poursuit sa quête artistique dans une grande solitude malgré l’appui des critiques et deux grandes expositions. La critique est élogieuse mais Camille Claudel est déjà trop malade pour en être réconfortée.

L’internement jusqu’à la mort

Après 1905, les périodes paranoïaques de Camille Claudel se multiplient et s’accentuent. Selon elle, Rodin retient ses sculptures pour les mouler et se les faire attribuer, l’inspecteur des Beaux-Arts est à la solde du maître, des inconnus veulent pénétrer chez elle pour lui dérober ses oeuvres. Elle vit alors dans une grande détresse physique et morale, ne se nourrissant plus et se méfiant de tous. Son père, son soutien de toujours, meurt le 3 mars 1913 … elle est internée le 10 mars à Ville-Evrard puis transférée, à cause de la guerre, à l’hôpital de Montdevergues situé sur la commune de Montfavet à côté d’Avignon.
Elle y meurt trente ans plus tard, le 19 octobre 1943.