Quand Capucine Trochet raconte ses aventures à bord du Tara Tari et ses voyages à travers le monde, elle nous fait tous rêver.
Mais Capucine ne se contente pas d’écumer les flots ! Toutes ses actions correspondent à une démarche de citoyenne du Monde et elle est notamment très impliquée dans tout ce qui concerne la préservation de la mer.

A ce titre, elle tenait à nous parler d’un sujet très important et objet de nombreux fantasmes, celui des vortex plastiques.

Car oui, malheureusement, les océans ne recèlent pas que des trésors !
Et même si on ne peut pas à proprement parler d’un « 7ème continent en plastique », on ne peut que constater et déplorer que la mer soit devenue une énorme décharge !

Voici ce qu’elle nous en dit.

On a beaucoup parlé de ces vortex plastiques, mais quelle est leur origine ?

La production mondiale de plastique a augmenté de plus de 500% durant les 30 dernières années.

En Amérique du Nord et en Occident, chaque individu utilise environ 100kg de plastique par an – et ce chiffre devrait avoisiner les 140kg en 2015.

En comparaison, chaque habitant des pays en développement d’Asie utilise environ 20kg de plastique par an – ce chiffre devrait atteindre les 36kg en 2015.

L’impact de cette consommation accrue de plastique sur l’écosystème a été découvert par l’océanographe Charles Moore, durant un voyage sur l’Océan Pacifique en 1997. Il naviguait dans la zone intertropicale de convergence – zone généralement évitée par les navigateurs à cause du manque de vent – et s’est retrouvé dans ce qu’il a décrit par la suite comme « La grande zone de déchets du Pacifique ».

Origines des déchets plastiques en mer :

- Plastiques utilisés sur les continents (tous les continents sont concernés avec certaines différences selon le degré d’économie, de production de plastique, de mode de consommation, de conscience environnementale et de sensibilisation des populations, de développement des filières de gestion des déchets…). Pertes et dispersion des déchets puis acheminement à la mer par les pluies (voire crues, ou événements climatiques extraordinaires), rivières et vents.

- Plastiques et cargaisons perdues en mer, débris de bateaux

- Sur 300 millions de plastiques produits/an, 10% finissent dans les océans

- 70% de ces plastiques coulent, 30% flottent

La Grande zone de déchets du Pacifique, connue aussi sous le nom de « Pacific Trash Vortex » représente une concentration de 100 millions de tonnes d’ordures dans l’Océan Pacifique Nord. La zone s’étend sur une surface énorme qui est estimée à plus de deux fois la taille des Etats-Unis.

On comprend bien que le problème vient de la surconsommation de plastique mais peux-tu nous en dire plus sur la manière dont ces plastiques se transforment en vortex ?

Des recherches récentes ont montré que des vortex de déchets existent aussi dans l’Océan Atlantique et dans la Mer Méditerranée. Le phénomène se répète dans tous les océans, là où les courants océaniques forment des « gyres », tourbillons géants incessants.

Les déchets plastiques en provenance des continents se transforment dans le temps et finissent par se concentrer grâce à ces courants océaniques. Ils forment alors des zones nommées « vortex » ou « continent » plastiques.



Carte des courants océaniques et des zones de concentration des déchets plastiques.

Ces vortex constituent un agglomérat de particules plastiques de différentes tailles (en fonction de leur dégradation) qui stagnent entre 0 et 30 mètres de profondeur. La concentration de ces débris varie dans une même zone, l’image du « continent » n’est donc pas appropriée dans le sens où il ne s’agit pas d’une île. Les photographies satellites ne montrent pas ces vortex.

Cette image créée une petite incompréhension auprès du grand public qui peut alors remettre en question l’existence de ces vortex et la crédibilité de la communauté scientifique.

Quel est leur impact sur l’environnement ? Comment s’en débarrasser ?

A la suite de la découverte du vortex plastique du Pacifique, de nombreux scientifiques et océanographes, dont Charles Moore, ont commencé à mesurer l’étendue de l’impact des déchets plastiques dans les océans.

Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a établi dans son rapport annuel en 2011 que plus de 260 espèces auraient été piégées par des déchets, ou les auraient ingérés.

Une récente étude menée sur les poissons qui se nourrissent de plancton du Pacifique nord a montré que chacun d’eux avaient avalé en moyenne 2,1 objets en plastique.
Les ordures en plastique entraînent la mort de plus d’un million et demi d’oiseaux de mer, ainsi que de plus de cent mille mammifères marins chaque année.

Le rapport du PNUE mentionne également une étude qui a démontré que lorsque les déchets plastique se décomposent, ils libèrent des produits chimiques potentiellement toxiques pour l’homme et la santé des écosystèmes marins comme le bisphénol A (BPA) et un polymère appelé PS oligomère.

Problèmes liés à la présence de ces déchets plastiques dans les océans :

- Leur dégradation est trop limitée et génère d’autres problèmes :

. La dégradation physique et par érosion ne fait que les rendre ingérables par la faune : par frottement, brassage par les vagues… les déchets se cassent en plusieurs morceaux…

. La photo dégradation (par la lumière du soleil) et la dégradation chimique sont insuffisantes : réactions chimiques provoquées par la lumière du soleil (UV, IR et spectre visible)…

. La biodégradation est malheureusement très limitée, les matières plastiques étant formées de longues chaînes carbonées et polymérisées, rares sont les bactéries et micro-organismes qui arrivent à s’y attaquer

- L’ingestion de ces matières par la faune sauvage génère l’introduction des composants chimiques dans la chaîne alimentaire

- Au niveau environnemental, on constate la modification des interactions entre faune/flore et milieu (des espèces se retrouvent menacées ou en difficulté et d’autres plus opportunistes se développent de manière incontrôlée)

- On déplore le relargage dans le milieu naturel de polluants contenus dans les plastiques ou issus de leur transformation physique ou chimique

A ce jour, il n’existe aucune solution pour nettoyer les océans de ces vortex plastiques.

Cependant un jeune Hollandais, Boyan Slat, âgé de 20 ans, a eu l’idée géniale de fabriquer un « aspirateur » de débris plastiques, le « Ocean Clean Up ». L’invention approuvée par la communauté scientifique, fera ses premiers essais en juin 2015…

Projet Ocean Cleanup (image de synthèse, le dispositif en question n’existe pas encore).

Nous allons donc suivre cela de très très près ! Merci Capucine.