« Je ne suis pas parisienne, ça me gêne, ça me gêne, je ne suis pas dans le vent, c’est navrant, c’est navrant… »Marie-Paule Belle résumait dans cette chanson tout l’imaginaire qui tourne autour de la parisienne. Imaginaire dont je me suis nourrie, et dont vous aussi, j’en suis convaincue, vous vous êtes nourris. Que vous soyez homme ou femme. Peu importe.
Parce que la parisienne est un fantasme, un modèle, une avant-gardiste. On la voit de multiples manières: toujours à courir après le temps, un bus, inaccessible mais aussi déroutante, impertinente et drôle, secrète et si désirable. La Parisienne est à l’origine de lamode moderne, des lignes qui sont toujours d’actualité aujourd’hui. La Parisienne est l’invention de la femme moderne.
C’est ainsi que la Parisienne à déjà fait mille fois le tour du Monde, tant elle est un symbole fort dans l’imaginaire collectif.
Moi la première en arrivant à Paris il y a maintenant plus de 10 ans, je me sentais gauche, mal dégrossie et terriblement banale face à toutes ces parisiennes sûre d’elles qui semblaient conquérantes et invincibles.
Et rapidement mon œil s’est affûté… Si les symboles sont forts, c’est aussi parce qu’ils sont complexes.
Si l’on parle ainsi de « La Parisienne » c’est aussi en raison de ses aspérités, de son héritage culturel, littéraire et politique.
La parisienne n’est pas seulement cette image que nous sommes nombreux à avoir d’Inès de La Fressange dont la voix grave n’est jamais à court d’un bon mot. Non la parisienne est aujourd’hui bien plus universelle. Nourrie de sa ville qui devient de plus en plus cosmopolite, il y a désormais en elle toutes ces provinciales montées à la capitale, ces bourgeoises qui regardent défiler les jours en trompant leur ennui et leur mari, ces gouailleuses joyeuses que l’on croise du côté des Abbesses et ces magnifiques femmes en boubou et aux coiffures improbables.
La parisienne est multiforme, savant mélange d’une Catherine, d’une Edith ou d’une Marion, elle ne souffre plus d’être symbolisée par une seule image, une seule définition.
La parisienne reste ainsi le symbole féminin absolu: bien trop complexe pour être simplement définie, bien trop mystérieuse pour ne pas être adulée. Mais toujours en perpétuelle réinvention. »