Pauline Rullière

Les femmes en action
// 4 octobre 2014

Parmi les valeurs portées par TEDxceWomen, il y a bien sûr la curiosité et le partage des idées : Pauline Rullière, l’incarne pleinement par la voie difficile qu’elle a choisi en étant Chercheuse. Elle a d’ailleurs obtenue une distinction sur son travail de thèse dans les traitements anti-cancer, qui lui a valu la bourse L’Oréal-Unesco 2013 ; un pas de plus vers un progrès fondamental : celui de préserver la vie face à la maladie.

Portrait d’une jeune femme discrète mais optimiste dans son exploration et sa passion pour transmettre.

Curieuse, dans la vie comme dans son travail, et d’un naturel optimiste, Pauline adore être surprise et faire de nouvelles découvertes.

« C’est très stimulant et je vais de l’avant pour satisfaire cette curiosité, cela force le dynamisme. Parce qu’y croire c’est déjà un pas vers la réussite. »

Déjà au lycée, Pauline est passionnée par les sciences. Les Olympiades Universitaires de la Chimie en Corée lui auront permis de découvrir la recherche fondamentale et expérimentale. De sa classe préparatoire et de l’Ecole Polytechnique, elle garde des professeurs exceptionnels qui lui ont transmis leur passion, leur savoir. Aujourd’hui, elle a même l’impression d’avoir un dû, appréciant beaucoup enseigner. Plus particulièrement les temps avec les étudiants où elle se creuse les méninges jusqu’à entendre dire un de ses étudiants : « ah oui ! Je vois ce que vous voulez dire, c’est beaucoup plus facile vu comme ça ! ».

« Le plaisir que j’ai à apprendre, le plaisir que j’ai à inventer, car les sciences nous donnent cette capacité d’invention si on arrive comprendre le monde qui nous entoure et à raisonner. C’est la magie des sciences. »

Pauline s’est surtout distinguée par son sujet de thèse, portant sur la salinosporamide A, une molécule naturelle extraite d’une bactérie marine isolée en 2003 et qui possède une activité anticancéreuse inédite contre une grande variété de cancers. Son travail de thèse consiste à synthétiser la salinosporamide A à partir de molécules simples commercialement disponibles en grandes quantités. Elle met au point des réactions chimiques qui nous permettent de construire la structure moléculaire de sa cible. En optimisant ces réactions, elle pourra, par la suite, appliquer cette synthèse à des analogues non-naturels, dont l’activité biologique pourra ensuite être testée et qui pourront à leur tour devenir de potentiels médicaments.

La rigueur et l’honnêteté sont des valeurs qui la guident. Le travail de chercheur n’est pas des plus gratifiants. Elle peut passer des heures, des jours, des semaines à faire des expérience sans obtenir de résultats. Opiniâtre, elle continue à noter chaque détail, à s’appliquer en espérant que la prochaine sera la bonne. L’avis du scientifique est considéré comme un argument important aujourd’hui dans des grandes questions d’avenir. En ce sens, elle essaie de communiquer au mieux pour protéger notre planète en partageant les connaissances qu’elle sait fondées et démontrées. En cela, Pauline se retrouve dans les valeurs, dans le partage des idées et le soutien à l’innovation que promeut TED.

« En essayant de transmettre les sciences, en vulgarisant au mieux ce que je fais au jour le
jour. Cela ne sert à rien d’être un savant fou si personne ne sait ce que l’on étudie. »

Remarquable, son travail sur la salinosporamide A, lui a permis d’être primée par la bourse L’Oréal-UNESCO 2013, une occasion inédite de présenter et de faire rayonner ses travaux de recherche. Une très belle récompense aussi, la reconnaissance de la qualité de ses travaux de recherche, de son parcours scientifique.

« C’est l’entité sur laquelle je travaille au jour le jour. Pas facile d’expliquer que je fais un puzzle d’atomes pour fabriquer une grosse molécule. J’ai des briques (des petites molécules ou des atomes), et un bâtiment ‘moléculaire’ pour objectif. Mon travail de chimiste me permet de mettre du ciment entre chaque brique. »

« Une bonne dose d’opiniâtreté est indispensable en Recherche. Quand le travail paye, c’est une joie indéfinissable qui nous récompense. »

L’occasion également de rencontrer d’autres femmes scientifiques de sa génération dans des domaines très variés.

«Etre une femme ne nous a pas gênées jusque là, il faut juste oser faire le premier pas et entrer dans une voie, une carrière où il y a pour l’instant peu de femmes. Alors continuons d’encourager les jeunes femmes à savoir que ce choix est possible. »

Selon Pauline, trop peu de jeunes femmes s’engagent dans ses études par méconnaissance (17% de femmes à polytechnique). Une fois mise sur les rails, le travail s’avère passionnant, les femmes sont même « chouchoutées ». La seule difficulté, reste le temps, car en montant les échelons, le travail devient très prenant, la recherche se fait tout le temps et demande un engagement total, une disponibilité absolue.

Les femmes françaises sont-elles audacieuses ?

A la question, « les femmes françaises sont-elles audacieuses ? », elle répond « pas moins que les hommes, c’est certain. Des conférences comme TEDx nous aident à oser. ». Pour Pauline, TEDxceWomen est un beau mouvement de rassemblement des femmes. « On est plus fortes à plusieurs ». Il s’agit selon elle, d’un excellent outil de communication pour que chacune puisse raconter comment elle a osé et passe l’envie à d’autres femmes.

D’ailleurs des femmes qui l’inspirent, elle cite Helen Keller dont la biographie lue très jeune, raconte la vie de cette jeune femme devienne sourde et aveugle avant de tout réapprendre à partir de rien m’avait fascinée. Non seulement cette jeune femme avait repris contact avec le monde en apprenant le langage des signes mais après avoir surmonter ces difficultés elle s’était ouverte au monde et était allé plus loin que tout ce qui était imaginable en écrivant des livres, en partageant son expérience etc.

« Une difficulté n’en est plus une, à partir du moment où vous souriez, où vous l’affrontez. »
Baden-Powell

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