Coup de gueule : Carton rouge à la fac de médecine

L'oeil de TEDxChampsÉlyséesWomen
// 26 avril 2016

Je suis indigné…
Cette simple introduction a pour but de montrer, par l’utilisation d’un accord masculin, à mon lectorat que je suis un homme et faire taire tous détracteurs antiféministes excités…
Si vous avez suivi les actualités des derniers jours, vous n’êtes pas sans savoir que lors d’un examen blanc de médecine, une question pour le moins incongrue est venue se glisser dans le QCM de nos chers étudiants. Elle se présentait ainsi :

« Une patiente de 35 ans reçoit une fessée sur son lieu de travail par son supérieur hiérarchique devant ses collègues. Elle consulte les urgences. Vous réalisez :
      A. Un bilan somatique
      B. Un bilan psychologique
      C. Une déclaration d’accident de travail
      D. Un certificat médical initial descriptif
      E. Vous lui demandez d’aller au coin car elle n’a pas été sage »

Sérieusement Messieurs ?
Ce n’est pas drôle… Et la fessée aujourd’hui, c’est vous qui allez la prendre !

Il semblerait que vous ayez des journées chargées et que vous ayez besoin de vous détendre avec quelques boutades alors je vais vous raconter une histoire faute de blagues sexistes ; oui désolé, j’ai malheureusement égaré mon stock dans une dimension parallèle figée quelque part entre le XIXe et XXe siècle…

Imaginez une femme qui sort de chez elle un beau matin d’été, fendue d’une jolie robe, de celle ni trop courte, qui lui vaudrait un « sale pute » dans le métro, ni trop longue, qui lui vaudrait un « salope coincée ». Oui, au XXIe, même s’habiller est une étape difficile pour une femme et les comportements sexistes commencent aux premiers pas dehors, dès l’entrée dans les transports en communs. Pour être précis en fait, 94% des femmes ont déjà été victimes de violences sexistes dans les transports (Source : Osez le féminisme) et 65% d’entre elles sont persuadées que leur éventuelle agression se ferait dans l’indifférence générale et quand je lis votre QCM je me dis que vous seriez les premiers à détourner le regard mais passons… Pour vous dédouaner, vous pouvez toujours me dire que c’est de la faute de la RATP !

Après avoir passé l’étape transports, elle arrive au travail. Elle aime son travail. Ça lui permet de s’épanouir – comme tout le monde, enfin je vais préciser pour vous Docteurs : comme nous, les hommes ! – elle l’aime tellement qu’elle ne dit mot quand ses collègues masculins font des remarques telles que : « ça doit être la mauvaise période du mois ».

Le fameux ‘sexisme subtil’, celui qu’on fait passer avec une pointe d’humour pour tenter de passer inaperçu. Si elle ne dit rien, ce n’est pas parce qu’elle accepte de faire partie des 80% des femmes salariés qui sont régulièrement confrontées à des attitudes ou comportements sexistes (Source : Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes) non, bien au contraire, c’est ‘juste’ parce que ces remarques lui plombent le moral et ont des répercussions sur sa confiance en elle, ses performances et son bien-être au travail et qu’elle n’ose pas… Au moins, ce n’est pas du sexisme hostile type : « C’était bien mieux quand les femmes restaient à la maison… Ne me fais pas ce regard, t’es pas féministe quand même ?! », « Ton mari est plus jeune ? T’es vraiment une cougar… » C’est ce qu’elle se dit…

Mais je vous vois arriver d’ici avec vos gros sabots de macho en disant: « Si c’est que ça le problème ça va, un bon psy et c’est réglé » !

Ah, si seulement… Mais sa journée ne s’arrête pas là.
Depuis peu, son supérieur hiérarchique la fait rester plus tard pour travailler sur des dossiers et il a tendance à avoir les mains baladeuses quand les gens se font rares dans l’open space. Notre héroïne fait partie de cette triste moyenne d’1 femme sur 5 qui est victime d’harcèlement sexuel au cours de sa vie professionnelle et qui « reçoit une fessée sur son lieu de travail par son supérieur hiérarchique »… Et comme 95% d’entre elles, elle ne portera pas le cas devant la justice, par peur des retombées…

Vous aimez mon histoire ? Attendez la fin, je l’adore. Pour ce faire, on va jouer à un petit jeu :

Faits : 1 femme sur 5 est victime d’harcèlement sexuel au cours de sa vie professionnelle.
Dans ces 5 femmes, il y a votre épouse, votre mère, votre fille, votre sœur et votre nièce.

Question 1 : Laquelle mérite sa petite fessée avant d’aller au coin ?
(Dans ma grande bonté, je vous laisse choisir ! Ne me dites pas merci, ça me fait plaisir)

Question 2 : Si votre épouse, votre mère, votre fille, votre sœur ou votre nièce, après s’être fait harceler sur son lieu de travail trouve le courage d’aller en parler aux urgences, avez-vous vraiment envie qu’un médecin (un de vos étudiants ayant passé cet examen à tout hasard) ait cette première image ‘humoristique’ en tête lorsque le cas se présentera devant lui ?

Question 3 : Après ça, est-ce que votre QCM vous fait toujours autant rire ?

« Le changement, c’est maintenant » disait notre Président…
Qu’en est-il de l’égalité des Droits des femmes Messieurs ? C’est maintenu ?

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